OVHcloud, le leader européen du cloud, vient de dévoiler une nouvelle architecture de refroidissement intelligente pour ses centres de données. Ce « datacenter intelligent » s’appuie sur des baies de serveurs de cinquième génération intégrant des capteurs et de l’intelligence artificielle afin d’optimiser la consommation d’énergie et d’eau. L’objectif affiché est clair : concilier performance informatique et responsabilité environnementale, dans un contexte où les datacenters sont de gros consommateurs de ressources.
Les centres de données constituent l’infrastructure invisible de nos usages numériques, mais leur empreinte écologique est bien réelle. Ils consomment d’énormes quantités d’électricité, notamment pour alimenter et refroidir des milliers de serveurs en fonctionnement 24h/24. La consommation d’eau est également un autre enjeu moins connu du grand public. Avec l’essor de l’IA générative et la multiplication des serveurs haute densité, ces besoins en refroidissement ne font qu’augmenter, posant des défis en matière de durabilité.
Conscients de ces enjeux, les grands acteurs du cloud explorent diverses stratégies pour rendre leurs installations plus sobres. L’initiative d’OVHcloud s’inscrit dans cette tendance globale : innover pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, tout en assurant un haut niveau de performance.
Un refroidissement nouvelle génération chez OVHcloud
Fort de plus de 20 ans d’expérience en refroidissement liquide, OVHcloud a entièrement repensé la conception de ses baies de serveurs pour cette nouvelle génération. La principale innovation matérielle réside dans l’agencement des serveurs en grappes hydrauliques : les machines d’un même cluster sont maintenant refroidies en série (le liquide de refroidissement les traverse successivement), tandis que chaque cluster reste en parallèle les uns par rapport aux autres. Ce design original permet de réduire le nombre de composants dédiés au refroidissement par rack et donc de diminuer les besoins énergétiques à l’échelle de la baie.
Chaque serveur intègre un waterblock direct-to-chip conçu par OVHcloud, plaqué sur ses processeurs et accélérateurs pour évacuer efficacement la chaleur via un circuit fermé d’eau. L’ensemble des racks est ainsi relié à une seule boucle d’eau qui parcourt tout le datacenter. Cette boucle de refroidissement unifiée alimente un module de refroidissement externe (Cooling Module, ou CDU) désormais 50 % plus compact que la génération précédente. Placé hors des baies, un seul module peut desservir plusieurs rangées de serveurs. Truffé d’une trentaine de capteurs, il mesure en continu la pression, le débit et la température de l’eau circulant dans les racks afin d’ajuster le refroidissement en temps réel.

À l’extérieur du bâtiment, OVHcloud a également revu le design de ses échangeurs thermiques appelés Dry Coolers. Ces énormes radiateurs à eau occupent maintenant deux fois moins d’espace et n’embarquent que la moitié des ventilateurs de la génération précédente. Conséquence : la puissance électrique nécessaire au refroidissement peut diminuer jusqu’à 50 % par rapport à l’ancienne architecture. Réduire le nombre de ventilateurs présente un autre avantage non négligeable pour les communautés proches : une baisse des nuisances sonores induites par le fonctionnement du datacenter.

L’IA au cœur du datacenter intelligent
La véritable intelligence de cette nouvelle infrastructure réside dans son système de contrôle piloté par l’IA. Les capteurs dispersés du rack jusqu’au Dry Cooler remontent des milliers de données en continu (températures, charges de travail, conditions extérieures, etc.). Ces informations alimentent un datalake où des algorithmes de machine learning établissent des modèles prédictifs pour optimiser la gestion thermique. Concrètement, le datacenter devient capable de s’auto-réguler : l’IA ajuste dynamiquement la vitesse des pompes, des ventilateurs, ou l’ouverture des vannes pour maintenir les conditions idéales, sans intervention humaine.
Cet automatisme intelligent permet d’anticiper les pics de charge ou les fluctuations de la météo. Par exemple, le système peut être couplé à une station météo locale pour adapter à l’avance sa stratégie de refroidissement en cas de vague de chaleur imminente. De même, l’algorithme peut décider de privilégier l’économie d’eau en augmentant temporairement la consommation électrique (ou vice-versa) en fonction des ressources disponibles et de leur coût. Ce type de pilotage adaptatif n’est plus de la science-fiction : Google a démontré dès 2018 qu’un contrôle automatisé par IA pouvait réduire d’environ 30 % l’énergie consacrée à la climatisation de ses data centers. OVHcloud pousse cette approche encore plus loin en l’intégrant directement à la conception même de ses infrastructures.
Des gains concrets en énergie et en eau
Les bénéfices annoncés de cette architecture « smart » sont significatifs. D’après OVHcloud, l’adoption de ces nouvelles baies intelligemment refroidies permet de réduire jusqu’à 50 % la consommation électrique liée au cooling des serveurs, et jusqu’à 30 % la consommation d’eau. Ces pourcentages, impressionnants à l’échelle d’un seul centre, prennent toute leur ampleur quand on les rapporte au parc mondial de datacenters. Moins d’électricité consommée pour refroidir signifie aussi moins d’émissions indirectes de CO₂ (d’autant que la production d’électricité reste en partie carbonée), et moins d’eau évaporée signifie une pression réduite sur les ressources hydriques locales. Pour les équipes techniques, ces optimisations s’accompagnent d’un bonus appréciable : en évitant les stress thermiques excessifs, le nouveau système prolonge la durée de vie du matériel et réduit donc les besoins de maintenance.
OVHcloud n’en est pas à son coup d’essai. Le groupe refroidit ses serveurs à l’eau depuis 2003 et a déposé plus d’une centaine de brevets dans ce domaine. Cette maîtrise verticale de la conception des serveurs jusqu’à l’exploitation des centres de données lui a déjà permis d’afficher des indices PUE et WUE parmi les meilleurs de l’industrie. Avec cette nouvelle génération de refroidissement, OVHcloud consolide son avance en démontrant qu’innovation technologique peut rimer avec respect de l’environnement.
Vers un cloud plus durable
Au-delà de la prouesse technique, cette annonce s’inscrit dans une vision plus large d’un cloud durable. En février 2025, OVHcloud a rejoint le groupe pour une IA durable, s’engageant à ce que les progrès de l’intelligence artificielle s’accompagnent d’initiatives concrètes pour limiter son empreinte écologique. Le déploiement de ces Smart Datacenters en est une illustration tangible : l’IA y est mise au service d’objectifs écologiques, optimisant l’utilisation des ressources plutôt que de les gaspiller.
Actuellement, une première salle du datacenter OVHcloud de Roubaix est équipée d’environ 60 baies et 2 000 serveurs bénéficiant de ce nouveau système de refroidissement intelligent. L’entreprise prévoit de généraliser progressivement cette technologie à l’ensemble de ses 44 datacenters à travers le monde. À terme, c’est toute l’industrie qui pourrait s’inspirer de ces avancées. À l’heure où le numérique est parfois pointé du doigt pour son impact environnemental, des innovations comme le datacenter intelligent d’OVHcloud démontrent qu’il est possible de réconcilier transformation digitale et respect de la planète une équation longtemps jugée impossible, que l’ingénierie et l’IA commencent tout juste à résoudre.
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