Intel, longtemps considéré comme un pilier inébranlable de l’industrie des semi-conducteurs, se trouve aujourd’hui face à des défis sans précédent. Les dernières informations en provenance de Taiwan et les analyses d’experts réputés dressent un tableau préoccupant de l’avenir de la société.
Au cœur de cette tempête se trouve la capacité d’Intel à maintenir sa position de leader dans la production de puces de pointe, notamment celles utilisant des procédés inférieurs à 3 nanomètres. Les ressources internes de l’entreprise semblent de plus en plus insuffisantes pour soutenir les investissements colossaux nécessaires à la recherche, au développement et à la production de ces technologies de pointe.
Un rapport non confirmé publié dans un journal taïwanais suggère qu’Intel envisagerait de confier la production de ses nœuds sub-3nm à TSMC, son concurrent taiwanais. Cette décision serait motivée par les pertes croissantes de sa division fonderie et la pression sur les marges, exacerbée par l’expansion de la capacité de production pour les procédés Intel 3 et Intel 4 dans son vaste complexe en Irlande.
Face à ces difficultés, Intel multiplie les initiatives pour réduire ses coûts. L’entreprise a déjà annoncé une réduction des dividendes et un plan de licenciement massif touchant environ 15% de ses effectifs. Elle envisage également de se séparer de certaines de ses activités annexes, comme l’unité FPGA Altera ou l’entreprise de mobilité autonome Mobileye. Ces options stratégiques seront présentées au conseil d’administration lors d’une réunion prévue en septembre.
Les défis technologiques d’Intel ne se limitent pas à la production. Des rapports récents indiquent que Broadcom, un client potentiel, n’a pas été impressionné par le rendement du processus 18A d’Intel, certains ingénieurs allant jusqu’à douter de sa capacité à atteindre une production à grande échelle. Bien qu’Intel puisse encore résoudre ces problèmes avant le lancement prévu en 2025, ces retours négatifs soulèvent des inquiétudes quant à la compétitivité future de l’entreprise.
L’analyste industriel réputé Andrew Lu a récemment partagé son point de vue sur la situation d’Intel. Selon lui, les revenus actuels de l’entreprise ne suffisent plus à soutenir les dépenses d’investissement de 5 à 6 milliards de dollars nécessaires pour maintenir les activités de R&D et la cadence de production de masse de ses nœuds de production avancés. Plus inquiétant encore, Lu estime que le retard technologique d’Intel par rapport à ses concurrents continuera de s’accroître.
Cette situation pourrait profiter à TSMC, qui devrait voir ses commandes augmenter considérablement. L’analyste prévoit que les dépenses d’investissement du géant taiwanais pourraient atteindre environ 40 milliards de dollars l’année prochaine, soulignant ainsi le déplacement du centre de gravité de l’industrie vers l’Asie.
Si Intel devait effectivement renoncer à la production de ses nœuds avancés, cela remettrait en question sa stratégie actuelle visant à améliorer ses marges. Cette stratégie, qui repose sur le développement agressif de sa division fonderie, visait à réaliser des économies de coûts de plus de 8 à 10 milliards de dollars d’ici fin 2025, avec pour objectif d’atteindre une marge brute non-GAAP d’environ 60% et des marges d’exploitation non-GAAP d’environ 40% d’ici 2030.
L’avenir d’Intel semble donc plus incertain que jamais. L’entreprise qui a longtemps défini l’innovation dans l’industrie des semi-conducteurs se trouve aujourd’hui confrontée à des choix cruciaux qui détermineront non seulement son propre avenir, mais potentiellement celui de toute l’industrie technologique américaine. Dans un monde où la souveraineté technologique devient un enjeu géopolitique majeur, les décisions d’Intel auront des répercussions bien au-delà des frontières de l’entreprise.
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