Le marché du matériel informatique et de l’investissement vit actuellement une effervescence sans précédent. Les capitaux se déversent massivement dans l’intelligence artificielle, au point de soulever une question inquiétante : sommes-nous face à une bulle comparable à celle de la fin des années 90 avec Internet ? Sam Altman, PDG d’OpenAI et figure centrale du secteur, semble en être convaincu.
Une pluie de milliards sur des startups éphémères
Depuis 2024, des centaines de startups d’IA sont apparues, parfois fondées par d’anciens ingénieurs d’OpenAI. Beaucoup d’entre elles n’ont que quelques mois d’existence et ne disposent pas encore de produits solides ou viables. Pourtant, elles affichent déjà des valorisations vertigineuses.
Selon les projections, près de 1 000 startups d’intelligence artificielle devraient voir le jour aux États-Unis d’ici fin 2025. Parmi elles, environ 500 atteindraient une valorisation supérieure à 5 milliards de dollars chacune, souvent sans plus qu’un projet ou une promesse. Une croissance fulgurante, difficile à justifier par des résultats tangibles.
Altman sonne l’alerte
Sam Altman connaît bien ce type de dynamique : OpenAI elle-même a profité de l’afflux d’investissements massifs. Mais aujourd’hui, il n’hésite pas à mettre en garde contre l’euphorie ambiante. Lors d’une récente intervention, il déclarait :
« Sommes-nous à un stade où les investisseurs sont trop excités par l’IA ? À mon avis, oui. Quand des bulles surgissent, les gens intelligents s’enthousiasment trop, même si quelque chose de réel existe derrière. »
Il rappelle que toutes les bulles ont une base rationnelle : l’Internet des années 2000 représentait une technologie révolutionnaire, mais la spéculation excessive a conduit à un effondrement brutal. L’IA pourrait suivre le même chemin.
Un risque systémique
Ce qui rend la situation actuelle particulièrement préoccupante, c’est l’ampleur des capitaux en jeu. Il ne s’agit plus uniquement d’argent privé. Les banques, les fonds d’investissement et même des États injectent massivement dans les infrastructures liées à l’IA, notamment les centres de données. Cette course n’est pas seulement technologique, elle est aussi géopolitique, avec en toile de fond la rivalité entre puissances mondiales pour la maîtrise des semi-conducteurs et des modèles d’IA.
Altman avertit :
« Ce n’est pas un comportement rationnel. Quelqu’un va se faire mal. Quelqu’un va perdre beaucoup. Nous ne savons pas qui, mais beaucoup d’argent sera englouti. »

Des précédents encourageants, mais…
Certes, l’histoire montre que même après l’éclatement de bulles, les innovations sous-jacentes finissent par s’imposer. La bulle Internet, malgré ses ravages financiers, a ouvert la voie au Web tel que nous le connaissons aujourd’hui. L’IA pourrait suivre le même destin : une correction brutale avant une adoption massive et structurée.
Mais à court terme, les conséquences pourraient être sévères. Entreprises, investisseurs et institutions risquent d’être durement touchés si la bulle éclate.